Les marchés : La sanction des marchés
Le CAC 40 perd 0,7% ce soir, à 7 654 points, et creuse ses pertes après avoir cédé 3,3% la semaine passée. Deux actus ont animé la séance. D'un côté, l'inflation en zone euro a légèrement accéléré en août, à 2,1% sur un an contre 2% en juillet, selon les premières données. Un niveau en ligne avec l'objectif de la BCE, qui avait mis fin en juillet à un cycle inédit de huit baisses de taux consécutives. Les marchés restent néanmoins portés par l'autre rive de l'Atlantique. À Jackson Hole, Jerome Powell a laissé entendre que la Fed privilégiait désormais l'emploi comme boussole de sa politique monétaire, reléguant l'inflation au second plan. Résultat, tous les regards se tournent vers le rapport sur l'emploi américain attendu vendredi, décisif pour conforter les anticipations d'une nouvelle détente monétaire.
Selon le baromètre FedWatch, 9 traders sur 10 tablent sur une baisse de 0,25% le 17 septembre. L'autre grande actu, c'est la sanction du marché contre Paris. Le rendement de l'emprunt d'État français à 30 ans a franchi cet après-midi la barre symbolique des 4,50%, un sommet inédit depuis 2009. Un niveau qui rappelle les secousses de la crise financière des subprimes, et qui sonne comme un avertissement adressé à Paris. Cette poussée des taux longs, amorcée depuis le début de la semaine, intervient à un moment politique critique.
Comme vous le savez, Bayrou semble incapable de rallier une majorité avant le vote de confiance du 8 septembre. Pour les investisseurs, le risque est clair : une paralysie institutionnelle rendant toute rigueur budgétaire hors de portée, alors que le déficit français reste abyssal.
Ce sera le sujet du Morning Zapping de demain matin. Pour changer un peu d'air, ce soir on s'intéresse aux actions chinoises, et notamment à Alibaba !
Les valeurs : LVMH et Kering, Nestlé et Stif
LVMH et Kering terminent ce soir sur le podium du CAC 40. Les deux géants du luxe s'offrent un joli rebond ce mardi, avec des hausses respectives de 3,83% et 1,85%, portées par un changement de ton positif de HSBC. La banque britannique a relevé sa recommandation de « conserver » à « acheter » sur les deux valeurs, estimant que la lumière apparaît enfin au bout du tunnel pour un secteur bousculé depuis plusieurs trimestres. HSBC anticipe une reprise progressive du marché. Si les consommateurs américains restent fébriles à court terme, ses analystes misent sur un retour en force des acheteurs chinois au second semestre. Pour LVMH, le rebond attendu de Dior et une meilleure maîtrise des coûts devraient également soutenir les marges. Du côté de Kering, l'arrivée de Luca de Meo à la direction générale est accueillie avec optimisme, la banque voyant dans ce changement un catalyseur capable de redonner confiance aux investisseurs. En revanche, Hermès hérite d'une note plus prudente, HSBC jugeant que son rythme de croissance devrait ralentir.
Nestlé recule légèrement en Bourse. Le titre du géant suisse de l'agroalimentaire perd 0,44% ce soir à 80,30€, et reste à l'équilibre depuis le début de l'année. Le marché a réagi aujourd'hui au licenciement immédiat de son directeur général, Laurent Freixe, pour non-respect du code de conduite interne lié à une relation amoureuse non déclarée avec une collaboratrice directe. Un an jour pour jour après son arrivée à la tête du groupe, il est remplacé par Philipp Navratil, actuel patron de Nespresso. Les bureaux d'études redoutent que ce nouveau changement de direction entretienne une phase d'incertitude, d'autant que Nestlé traverse déjà une période compliquée avec une croissance ralentie et une performance boursière décevante sur un an (-17%). Le marché attend du nouveau dirigeant qu'il clarifie rapidement sa stratégie, en particulier sur les segments jugés fragiles (produits surgelés, alimentation infantile, boissons sucrées) et sur la revue stratégique des marques de compléments alimentaires. Les investisseurs attendront le 16 octobre, date de la publication des ventes sur les neuf premiers mois de l'année, pour mesurer les premiers signaux de ce virage.
Stif est en pleine ascension. Après avoir bondi de 215% depuis le début de l'année, le titre éligible au PEA-PME fait une petite pause et cède ce soir 0,85% à 82€. Le spécialiste français de la protection contre les risques d'explosion a annoncé aujourd'hui une opération stratégique aux États-Unis. Il est entré en négociations exclusives pour acquérir 70% de Boss Products, un distributeur texan de dispositifs de sécurité en milieu industriel, dont il détient déjà 10%. Avec un chiffre d'affaires de 17,7 millions de dollars en 2024 et une bonne rentabilité, Boss Products constitue un relais de croissance clé pour Stif. L'opération, financée par de la dette, devrait être finalisée dans les prochaines semaines. L'équipe dirigeante actuelle conservera la main sur les activités locales.
La recommandation du jour : Le rebond des actions chinoises
La Bourse chinoise enregistre un rebond spectaculaire de 35% sur un an. Un signal encourageant, porté par l'innovation, la diversification et le soutien actif des autorités de Pékin. , nous vous présentons les principaux enjeux liés aux actions chinoises, ainsi qu'un fonds d'investissement ayant délivré un rendement annuel moyen de 6%* au cours des dix dernières années. On mentionne également un ETF.
Le monde d'après : Carton plein pour le Amazon chinois
Alibaba fait un retour spectaculaire sur les marchés. +18% hier à Hong Kong, +12,9% vendredi à Wall Street. Rien que ça. Le groupe chinois a publié des résultats trimestriels globalement décevants, mais peu importe : c'est le cloud, boosté à l'intelligence artificielle, qui a enflammé les investisseurs. Avec une croissance de 26%, bien au-dessus des attentes, la division a généré plus de 4 milliards d'euros de revenus et redonné confiance au marché. L'IA est devenue l'arme fatale d'Alibaba, à l'image de son rival américain Amazon. Le PDG Eddie Wu a sorti le grand jeu. 12 milliards d'euros investis en un an dans l'IA et les infrastructures numériques. Conséquence directe, les revenus liés à l'IA s'envolent. Par ailleurs, Alibaba veut produire ses propres puces, histoire de ne plus dépendre de Nvidia.
Dans un contexte de guerre technologique entre Pékin et Washington, c'est une décision aussi stratégique que symbolique. Le géant chinois veut prouver qu'il peut se tenir debout, seul, face à ses concurrents américains. Mais derrière le feu d'artifice boursier, la réalité est plus contrastée. Le e-commerce domestique s'essouffle, avec des profits en chute de 21%. Les investissements massifs dans la livraison express et le cloud ont fait plonger la trésorerie dans le rouge. À l'international, le groupe se développe mais ses marges restent maigres. Pour l'instant, le marché a choisi de croire au récit de l'IA, mais Alibaba est à la croisée des chemins : soit l'IA devient son nouveau relais de croissance, soit la magie s'évapore et le soufflé boursier retombera brutalement. Pour l'heure, le titre progresse de 60% depuis le début de l'année
Demain à la Une : Dette française et taxes US
Le calendrier économique de demain réserve peu de nouveautés. Les investisseurs européens suivront en matinée de nouveaux indices PMI d'activité économique. Cette fois, les services seront à l'honneur. Globalement, le marché s'attend à un petit ralentissement en août. Outre cette actu, le marché continuera de surveiller les tensions sur la dette française et les incertitudes autour des droits de douane américains. On profite de ce calendrier allégé pour mettre à jour les niveaux techniques à surveiller sur le CAC 40. Les vendeurs viseront à court terme les 7 575 et 7 500 points par extension. Et les acheteurs, les 7 660 et 7 725. Affaire à suivre !
Le lexique : Les produits structurés
Les produits structurés sont des instruments financiers qui combinent plusieurs actifs (obligations, options, dérivés) et offrent un rendement spécifique en fonction de scénarios de marché prédéfinis. Ils permettent d'ajuster le couple rendement / risque en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital, de participation à la performance d'un sous-jacent (indice, action, taux, etc.) et des conditions de remboursement adaptées aux objectifs de l'investisseur.